Bongouanou : Les populations confrontées au défi de l’orpaillage illégal
Après Daoukro dans la matinée, c’est dans une atmosphère d’écoute, d’échanges et d’engagement citoyen que la tournée nationale de sensibilisation contre l’orpaillage illégal, conduite par le Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, s’est poursuivie dans l’après-midi à Bongouanou, chef-lieu de la région du Moronou.
Dans une salle comble rassemblant chefs traditionnels, élus locaux, jeunes,femmes, guides religieux et autorités préfectorales, le message du gouvernement a été transmis avec clarté : l’orpaillage illégal est un poison silencieux, qui détruit les terres, alimente des réseaux illicites, menace la cohésion sociale, et compromet l’avenir des générations futures.
Mais loin d’un simple discours vertical, cette rencontre fut surtout l’occasion d’un dialogue franc avec les communautés locales, dont les voix ont résonné avec force. Car à Bongouanou, le fléau n’est pas une abstraction : c’est une réalité quotidienne faite de rivières souillées, de terres agricoles dévastées, de tensions communautaires et de rêves brisés.
Parmi les nombreuses préoccupations exprimées par les populations, plusieurs sujets ont cristallisé les débats :
La nécessité d’un encadrement responsable de l’activité pour permettre aux nationaux d’en tirer profit, avec l’appui et la supervision de l’État ;
L’incohérence entre la répression des orpailleurs illégaux et la possibilité pour certains bureaux agréés d’acheter l’or issu de ces circuits illégaux ;
Les craintes face à la recolonisation rapide des sites déguerpis, souvent sans suivi durable ni surveillance suffisante ;
L’appel à une réhabilitation environnementale concrète pour redonner vie aux terres dévastées.
Et enfin, la place problématique des non-nationaux, souvent à la manœuvre dans les circuits illégaux, suscitant un sentiment d’injustice et de dépossession au sein des communautés autochtones.
À toutes ces préoccupations, le Ministre a répondu avec franchise, réaffirmant l’engagement de l’État à lutter non seulement contre les réseaux d’exploitation illicite, mais aussi contre les complicités et les failles du système. Il a insisté sur la nécessité d’impliquer les populations elles-mêmes comme actrices de la solution, en les associant à la surveillance, à l’alerte précoce et à la co-construction des alternatives.
Plus qu’un simple déplacement ministériel, l’étape de Bongouanou a été un moment de vérité, où les habitants ont fait entendre leur volonté de changement, dans le respect des lois et au service du bien commun.
À l’issue de la rencontre, le Ministre a appelé les leaders locaux à poursuivre la sensibilisation, à intensifier le dialogue communautaire et à œuvrer pour que le Moronou devienne un modèle de résilience face à l’orpaillage illégal.